RADICALISATION DU MOUVEMENT CONTRE LA LOI PÉCRESSE

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Liberté 62 n°782 - Le 9 Novembre 2007 - 6 -Social

 

RADICALISATION DU MOUVEMENT

CONTRE LA LOI PÉCRESSE

 

Par Jérôme Skalski

 

La mobilisation contre la loi LRU ou loi Pécresse s'étend et se radicalise à Lille I et Lille III.

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A Lille III, l'AG du mardi 6 novembre a réuni plus de 800 étudiants.

Le blocage immédiat de l'université a été décidé majoritairement.


DÉBUTANT aux alentours de 13 h 00, l'Assemblée générale (AG) des étudiants de Lille III s'est déroulée, ce mardi 6 novembre, dans un amphi rassemblant plus de 800 personnes.Deux points principaux étaient à l'ordre du jour : un débat sur le contenu de la loi LRU et sur la nécessité de son abrogation ainsiqu'un vote sur le blocage de l'université.

 

Une assemblée générale de plus de 800 personnes à Lille III


Après un débat au cours duquel sont intervenus pendant une heure et demi, une syndicaliste enseignante du SNESup, le président de Lille III et des étudiants, les questions de la mobilisation et du blocage de l'université ont été abordés conformément à l'ordre du jour et aux décisions de l'AGantérieure. La décision prise alorsde bloquer l'université le jeudi suivantn'a finalement pas été soumise au vote du fait d'un vote préalable sur un blocage immédiat, décision qui a recueilli la majorité des suffrages des 600 personnes participants au scrutin.

 

Vote majoritaire pour le blocage immédiat


Au terme de l'AG qui s'est prolongée jusqu'en fin d'après-midi, les modalités du blocage immédiat ont été discutées et définies. Il a ainsi été décidé de laisser l'université libre d'accès pour les salariésde l'université, les professeurs, les étudiants préparants un concours, les travailleurs extérieurs et les étudiants en 2ème année de master professionnel. La bibliothèque centrale, le département des étudiants étrangers, le kino et les crèches sont restées ouvertes aupublic. L'AG a en outre décidé la tenue, en coordination avec l'administration, d'une consultation sur le blocage de tous les étudiantsde Lille III ce lundi 12 novembre. Préparé en partie le soir même, le blocage ne s'est vraiment mis en place que le lendemain matin. Alors que les portes de l'université étaient fermées et gardées par différents groupes d'étudiants, de nombreux débats ont eu lieu sur le campus et plusieurs AG se sont déroulées dansla journée.

 

Entre 600 et 700 personnes en AG à Lille I

 


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Face à l'affluence - entre 600 et 700 personnes -

l'AG des étudiants de Lille I s'est déroulée dans

une salle de sport du campus de l'université des

sciences et technologies.


A Lille I, une assemblée générale rassemblant entre 600 et 700 personnes s'est déroulée le même jour dans une salle des sports du campus. Après un débat sur la loi LRU et la mobilisation, décision a été prise d'un blocage partiel de l'université des sciences et technologies. Une manifestation pour l'abrogation de la loi LRU a été programmée jeudi à Lille à 14 h 30 au départ de la porte de Paris.

 

 

UNE LOI QUI DYNAMITE L'UNIVERSITÉ PUBLIQUE

 

En bref, quelques conséquences des dispositions de la loi du 10 août 2007, dite relative aux “Libertés et Responsabilités des Universités” (LRU).

 

Un calendrier de l'application de la loi à marche forcée : changement de statut avantle 11 février 2008, élections des nouveaux conseils centraux avant le 11 août 2008, mise en oeuvre des nouvelles compétences (budget global, GRH locales ...) avant le mois d'août 2012.

Renforcement de l'autonomie et du localisme (Art. 27, 28, 29,30,32,33, 38) : introduction des intérêts privés et risques d'augmentationdes droits d'inscription, désengagement de l'Etat et problème de sécurisation des locaux.

Accroissement des pouvoirs du président d'Université (Art. 6 et 13) : mandat de 4 ans renouvelable, élection par les seuls membres élus du Conseil d'administration (CA), droit de véto sur affection des personnels, nomme les personnalités extérieures, attribue les primes. Le président d'université devient un véritable chefd'entreprise sans réel contre pouvoir.

Resserrement du CA et déséquilibre entre collèges de 20 à 30 membres (Art. 7) : renforcement de la représentation des personnalités extérieures, affaiblissement de la représentation IATOSS (personnels non enseignants), présence de droit de chefs d'entrepriseset exclusion des représentants syndicaux dans les personnalitésextérieures. Autrement dit,disparition de la collégiabilité et renforcement de la présence du patronat.

Renforcement des prérogatives des CA dangereuses (Art. 7) : possibilité de création de fondation ou de PPP (Partenariat Public Privé), répartition des emplois, changement de statut avec une majorité absolue, suppression ou création de composante. Marginalisation du Conseil Scientifique (Art. 8) et du CEVU (Art. 9) et des prérogatives du CNESER quant à l'aménaaement équilibré du territoire. Danger de listes anti-syndicales prenant le pouvoir au sein du CA.

Fragilisation des statuts de la Fonction Publique

Remise en cause des statuts et inégalités des modalités de recrutement

Début de défonctionnarisation

Sélection et utilisation des étudiants : pré-inscription à l'université par le biais du dispositif “d'orientation active” et “dossier unique”. Risque très grand de sélection touchant essentiellement les jeunes de milieux modestes. Utilisation des étudiants comme tuteurs ou pour travailler dans les bibliothèques. Emplois d'étudiants remplaçant des postes statutaires

En bref : L'analyse et l'interprétation de la loi faite à l'éclairage de “la lettre de missions” de Sarkozy et Fillon à la ministre de l'Enseignement supérieur confortent les orientations libérales de cette loi : présence renforcée du patronat dans le pilotage et le contenu des formations et de la recherche, désengagement de l'Etat et ouverture au privé grâce aux fondations et aux PPP (Partenariat Public Privé), système universitaire à deux vitesses avec “pôles d'excellences” et “collèges universitaires” remettant en cause le maillage actuel du tissu universitaire et donc de la démocratisation, remise en cause des statuts de la fonction publique et défonctionnarisation desemplois, orientation active débouchantsur une sélection et utilisationdes étudiants contre les personnels.

 

 

 

 

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