FLAGRANT DELIT DE MENSONGE

Publié le par Liberté 62

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Liberté 62 n°788 - Le 21 Décembre 2007-3 -
Édito

Flagrant délit de mensonge

 

Par Jean-Michel Humez

 

ON savait la presse «bien pensante » aux ordres du MEDEF et du gouvernement. Depuis l'arrivée de Nicolas Sarkozy au gouvernement, la réalité est de plus en plus flagrante. Il n’y aurait d'ailleurs pas assez de place dans notre journal pour faire la liste de tous les mensonges, oublis ou interprétations du Figaro, de Libération, du Monde et malheureusement de notre presse quotidienne locale. Et encore, ce n'est que la presse écrite de plus en plus boudée par les lecteurs (on se demande pourquoi) on peut moins échapper au matraquage médiatique des radios et télévision. Le dernier exemple est tout récent. Il s'agit de l'usine de pneumatiques Continental à Sarreguemines (Moselle) où la direction a organisé mardi un vote concernant le paiement d'une partie de la RTT et du retour à 40 heures. Une initiative critiquée par les syndicats car cette consultation était placée sous la menace d'un risque de délocalisation de la production en cas de vote négatif de la part des salariés. Dans ces conditions de fortes pressions, il s'avère que quelque 70 % des salariés, préférant «éviter le pire» se sont rangés à l'oukase de la direction.

Une race de dirigeants d'entreprise qui se couvrent du drap de la démocratie pour aller vomir sur le Vénézuéla qui a proposé pourtant un référendum d'une autre teneur. Donc pour les médias, c'est une grande victoire qui remet en cause les 35 heures et qui donne raison à Nicolas Sarkozy. Une contre-vérité soulevée immédiatement par Gérard Filoche, spécialiste du droit du travail : «L'entreprise Continental contrairement à ce qu'écrit à tort toute la presse, ne peut revenir sur les 35H et passer aux 40 heures. C'est impossible, les patrons qui présentent les choses ainsi et les journaux, mentent. Car la loi est la loi : les 35 h s'appliquent aussi à Continental ! Cela veut dire que, même après avoir fait voter leurs salariés pour travailler 40h, les bulletins de paie doivent continuer de faire figurer le salaire brut affecté aux 151h66 et sur une ligne distincte, les heures supplémentaires majorées de 25% entre 35 et 40h. Ces dernières sont forcément majorées de 25% car c'est la loi... Tout autre bulletin de paie serait illégal !»

Et Gérard Filoche de détailler les entourloupes patronales qui vont accompagner le semblant du vote des salariés : «Pour ne pas payer les majorations, l'employeur va baisser le taux horaire de toutes les heures de façon à amortir les 40H ! Donc la vraie information que devraient donner la presse sur Continental ce n'est pas que les 35H sont remises en cause mais que le taux horaire est baissé de façon à ne pas payer la majoration des heures supplémentaires entre 35 et 40H... C'est fantastique que dans ce pays, on soit si mal informé ou plutôt qu'on soit désinformé à ce point ! Il s'agit d'un cas délibéré de baisse du salaire et de baisse du taux des heures supplémentaires, pas d'un cas de remise en cause des 35H !» Cet exemple parmi tant d'autres démontre que la remise en cause des 35 heures annoncée par le cafouillage des mesures gouvernementales sur les heures supplémentaires, les RTT, les comptes épargne-temps, l'intéressement, la participation est d'un cynisme écoeurant. Ces mesures gouvernementales ne répondront pas à l'exigeance grandissante d'une meilleure répartition des richesses produites par les salariés. Il s'agit donc de développer les luttes pour augmenter le SMIC et augmenter tous les salaires en conséquence. Les 1.500 euros comme salaire de base apparaît de moins en moins comme une utopie et de plus en plus une nécessité.

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