LIVERPOOL 2008 - DEJA UN RENDEZ-VOUS MANQUE ?

Publié le par Liberté 62

 

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Liberté 62 n°794
- 14 - Le 1er Février 2008 Monde

 

Liverpool 2008

Déjà un rendez-vous manqué ?

Par Ulrich Savary, correspondant de Liberté 62

La population du Merseyside, la région de Liverpool, avait été conviée pour ce qui devait être le premier événement culturel majeur dans la région depuis la création des Beatles.

 

CETTE année, Liverpool est devenue officiellement capitale culturelle de l’Europe. Et le «coup d’envoi», vendredi 11 janvier, se devait d’être à la hauteur de l’événement. Pour l’occasion Ringo Starr - le batteur des Beatles - avait fait le déplacement pour un concert exceptionnel au sommet du St George Hall, l’un de plus beaux édifices du centre ville. Une rumeur folle courrait même : la ville aurait prévu un spectacle pyrotechnique digne d’une capitale. En tout cas la municipalité n’avait cessé ces derniers jours de déclarer qu’elle espérait au moins 400 000 personnes pour la cérémonie d’ouverture. Bref du jamais vu sur les bords de la Mersey.

 

En plein coeur de l’événement

Le jour J, des trains bondés venus de toute la région avaient commencé à déverser une foule impressionnante de personnes dés le début de l’après-midi. Parmi elles, quelques unes avaient même réservé leur soirée depuis plus d’un mois. C’est dire que l’attente était grande ! Vers 19h, les habitants de Liverpool commençaient à converger des «Inner city», les quartiers populaires du centre de Liverpool, vers le lieu des festivités. Des files impressionnantes de poussettes, de jeunes et de moins jeunes marchent vers St George Hall pour faire partis de «l’histoire». A 20h la tension commence à monter quand London Road, une des principales artères de la ville est pleine à craquer. Chacun essaie déjà d’apercevoir au loin les écrans géants installés pour l’occasion. Il est 20h08, tous les ingrédients sont réunis pour que cette fête d’ouverture soit grandiose. La foule commence à vrombir, le show doit commencer. Les pères s’emparent de leurs enfants et les montent sur leurs épaules, les yeux des petits commencent à scintiller. Cependant un premier bémol est déjà à déplorer avant même l’ouverture. La foule est là mais moins dense que prévue. Peu importe le nombre, le «peuple du Merseyside» veut faire la fête afin de célébrer cette nouvelle ère pour la région.

Des spots illuminent les principaux bâtiments du centre et St George Hall

D’un coup des spots illuminent les principaux bâtiments du centre et St George Hall. La foule hurle. Un décompte des dernières secondes s’affichent sur tous les écrans géants en même temps. Les 5 dernières secondes sont reprises par les dizaines de milliers de personnes qui s’agglutinent devant St George Hall. Le show commence enfin ! Dix minutes plus tard, la fureur des premiers instants s’estompent déjà. Et pour cause. Le son est mauvais, les spots ne s’allument pas au bon moment et le spectacle — peut-être «trop élitiste» pour intéresser des familles —, ennuie sérieusement. En effet, comment imaginer que des cantiques soient appropriés pour un tel événement. Des danseurs sont suspendus dans le vide, portés par des grues censées évoquer le passé industriel de la ville. Ils exécutent une danse mais sont invisibles pour la plupart des spectateurs : ils sont trop loin et mal filmés. Dés lors ils passent quasiment inaperçus. La suite est du même acabit. Le spectacle pyrotechnique se limite à quelques «pétards» sans plus. Mais la foule reste en partie, malgré la déception qui se lit sur beaucoup de visage. Après tout il y a tout de même le concert gratuit de Ringo Starr. Après 45 minutes d’un spectacle sans saveur, enfin l’enfant du pays arrive.

L’enfant du pays arrive...

La foule se réveille. Même si quasiment personne n’entend rien, il reste tout de même les images et pour le coup elles sont impressionnantes. Ringo Starr est perché tout en haut du St George soit au moins à 20 mètres du sol. Et puis les clameurs des premiers rangs suffisent pour reconnaitre la chanson. Bon coeur, les «Scouses» excusent alors les 45 premières minutes et se laissent enfin aller à l’ivresse de la fête populaire. Or, dès la fin de la première chanson la star multimillionnaire quitte la scène. Les écrans s’éteignent et un speaker annonce la fin du spectacle. La foule reste alors dubitative. «C’est fini ?», «Ils se foutent de nous !» peut-on entendre ici ou là. D’autres semblent se satisfaire, après tout c’est toujours mieux que rien.

Pétard mouillé

Le jugement est beaucoup plus sévère parmi les étrangers habitant la ville. Florence, une jeune française native de Tarbes juge ainsi le spectacle : «C’est affligeant et pathétique à la fois car la municipalité de Liverpool n’a rien fait concrètement pour les habitants » et poursuit «même pas une heure d’un show nullissime pour lancer Liverpool 2008». Une autre étudiante irlandaise, Dawn poursuit «Une capitale européenne de la culture se doit d’être à la hauteur, ici on dirait que la ville n’a rien compris de ce qu’elle devait faire. L’ouverture est ce que tout le monde attend, ça doit en mettre plein les yeux, là on dirait un pétard mouillé». Un autre français natif de Lille, François parle lui en connaisseur «quand il y a eu l’ouverture de Lille 2004, la ville toute entière était en fête. C’était grandiose. Là cela ne ressemblait à rien. Je suis triste pour les Liverpuldiens». Fatalistes quant à eux, les habitants du Merseyside se précipitent vers la gare pour prendre le train et quitter au plus vite le centre. Quant aux Liverpooliens, eux se jettent dans les pubs ou les boîtes de nuit avec un goût amer dans la bouche : Liverpool 2008 n’est pas pour eux !

Publié dans Monde

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