LES PECHEURS DU NORD PAS DE CALAIS SUSPENDENT LEUR GREVE

Publié le par Liberté 62



Actions sous d'autres formes

Les pêcheurs du Nord/Pas-de-Calais suspendent la grève

 

 

 

Les pêcheurs de Boulogne-sur-Mer, Calais et Dunkerque ont décidé de suspendre leur mouvement de grève jusqu'à la réunion des ministres européens de la Pêche les 23 et 24 juin.

 

Par Pierre Pirierros


LES pêcheurs de Boulogne, premier port français en tonnage, Calais et Dunkerque étaient toujours à quai mercredi mais ils ont voté dans la matinée la suspension du mouvement à partir de 18H00.

La grève de 48 heures votée à l'unanimité lundi lors d'une réunion à Boulogne-sur-Mer, de pêcheurs du nord de la France et de la Méditerranée, a été suspendue. Les pêcheurs sont cependant convenus de poursuivre et d'étendre le gel de leurs obligations administratives. "On n”accepte plus de contrôles maritimes, les feuilles de déclaration de pêche ne seront pas remises aux affaires maritimes et les balises VMS équipant certains bateaux seront débranchées" par intermittence, a indiqué Patrice Haezebrouck, délégué CGT des artisans pêcheurs de Dunkerque.

Stéphane Pinto, délégué CFDT des fileyeurs boulonnais, a confirmé la reprise de la mer, décidée dans un contexte de fortes divisions entre pêcheurs, sous "la pression d'un certain

nombre de bateaux" et pour "faire respirer les entreprises". "On va boycotter les journaux de bord qui nous sont imposés par l'Europe (...). Ca sera la pagaille pour les autorités et l'Europe mais pas pour les pêcheurs", a-t-il dit.

A Calais et Dunkerque, l'activité des ports était de nouveau normale mercredi matin. Malgré la rallonge financière annoncée par le gouvernement pour pallier la flambée des prix du gazole, une partie des pêcheurs reste mobilisée afin d'obtenir une révision à la hausse des quotas de capture fixés par la Commission européenne, notamment de cabillaud et de sole. Les fileyeurs en particulier ont mené depuis fin mars des actions spectaculaires (blocage des ports, occupation des affaires maritimes, opérations escargot, distribution gratuite de poisson, saccage de chargements de poisson importé) pour peser dans les négociations avec Bruxelles."On réclame la remise à plat des quotas et un gazole à 40 centimes le litre”, a réaffirmé Patrice Haezebrouck.


Le quota de cabillaud 2008 pour le nord de la France - 230 tonnes de cabillaud pour 200 bateaux - a été atteint dans les trois premiers mois de l'année. Il faudrait un contingent de 20 tonnes par bateau pour travailler toute l'année. Signe des fortes tensions entre les pêcheurs, Thierry Leprêtre, président du comité local des pêches et du comité régional du Nord-Pas-de- Calais, a annoncé mardi sa démission de l'ensemble de ses fonctions. Défendre la filière Les représentants de fédérations de pêcheurs françaises, italiennes et espagnoles, ainsi que grecques, par procuration, étaient rassemblés lundi à Paris, le jour où les ministres européens étaient eux mêmes réunis en Slovénie.

Tous les marins pêcheurs, tous les chefs d'entreprises, vont aller à Bruxelles pour dire aux responsables européens: soyez sérieux, trouvez des solutions pour défendre la filière.

Parallèlement, de nombreux pêcheurs ont poursuivi leur action de protestation lundi en France, malgré la reprise du travail dans certains ports, alors que leurs collègues d'autres pays européens se joignaient à ce mouvement contre la flambée du prix du carburant.

Dimanche, des pêcheurs de quatre pays européens -Italie, Portugal, France et Espagne - réunis dans le cadre de la Foire Internationale de la Pêche à Ancône, en Italie, avaient appelé à une grève illimitée à partir de mercredi pour protester contre la hausse du gazole.

 

 

Solidarité avec les pêcheurs d’Europe”

 

 

Par Jacky Hénin, député européen


« DE tous les ports de pêches de l'Union européenne, deux mêmes revendications montent : "Un gazole eurocompatible (prix unifié au niveau européen) et une gestion raisonnable des quotas". Ces deux revendications sont une question de survie pour l'avenir de la pêche européenne et de ses emplois. Elles sont justes et vitales, pour ma part je les soutiens entièrement.

Il est du devoir du gouvernement français - en particulier lorsqu'il exercera la présidence de l'Union européenne - et de tous les députés européens français de faire aboutir ces revendications cardinales des pêcheurs, y compris contre la Commission européenne. Certes la hausse du prix du pétrole et la question de la ressource en poisson sont de vrais problèmes. Mais, au delà de ces contraintes réelles, on voit bien que ce qui est en cause, ceux sont les fondements de la politique économique et sociale de l'Union européenne : La concurrence sauvage et le refus de la démocratie au profit de la dictature des technocrates de Bruxelles.

En effet, la concurrence et le libre marché, si chères à la Commission européenne, s'avèrent incapables de gérer les conséquences de la hausse des prix du pétrole. Gavées de profits colossaux, les compagnies pétrolières n'ont pas investi dans les capacités de raffinages et ont répondu par la spéculation à la demande croissante en pétrole des pays émergents. Cela pose le problème de la taxation des profits des compagnies pétrolières, pour permettre entre autre de financer un "gazole eurocompatible", mais aussi celui du contrôle stratégique par la collectivité de ces entreprises. En effet un "gaz eurocompatible" s'inscrit dans la logique de faire de l'énergie un bien public européen. Les pêcheurs en ont ras le bol d'être soupçonnés en permanence d'être des délinquants de la mer, par une Commission européenne qui se montre au contraire très complaisante pour les véritables forbans de la mer que sont les pavillons de complaisance.

Contrairement aux préjugés de l'aréopage de technocrates de la Commission européenne, nul n'est plus attaché à la préservation des ressources halieutiques que les marins pêcheurs. C'est à la fois leur gagne-pain, leur patrimoine et l'avenir de leurs enfants. Il y en a plus qu'assez que, des quotas relatifs aux quantités et aux jours de pêche, définis bien souvent sans véritable fondement scientifique et que les États se revendent entre eux, en dépit du bon sens, interviennent dans l'établissement des zones de pêche. La Commission européenne ne doit plus jouer la division entre pêcheurs de différentes nationalités. Tout le monde doit être sur un pied d'égalité au sein de l'Union européenne. C'est pourquoi sur le système de quota, la Commission européenne devrait travailler démocratiquement avec les professionnels de la pêche, plutôt que d'imposer sa dictature de la gouvernance des "experts" et des "technocrates". En cette fin de mois de mai 2008, nous devons dire avec force que "nous sommes tous des pêcheurs européens". »

 

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