METALEUROP CINQ ANS APRÈS ASSEMBLÉE GÉNÉRALE DE “CHOEURS DE FONDEURS”

Publié le par Liberté 62


 


METALEUROP CINQ ANS APRÈS ASSEMBLÉE GÉNÉRALE DE “CHOEURS DE FONDEURS”

 

L’ACTION NE SUIT PAS DES LIGNES TRACÉES D’AVANCE

Samedi 31 mai, 9H30, la salle des fêtes de Noyelles-Godault, rue Victor- Hugo, est comble. Chacun prend place et le vidéo-projecteur décline comptes, chiffres, statistiques, rapport moral, questions diverses et question d’orientation. L’Association “Choeurs de fondeurs” est là.

Pierre Pirierros












LA vie syndicale, comme la vie tout court, ne suivent pas des lignes toutes tracées d’avance ; la récente assemblée générale de l’Association “Choeurs de fondeurs”, regroupant les anciens salariés de Metaleurop, réunit beaucoup de monde, des élus politiques et mit au grand jour des divergences d’appréciation sur le rôle exact de l’Association. Cinq ans après la liquidation totale de l’entreprise, avec la médiatisation légitime d’un tel événement, l’acuité des situations des travailleurs en précarité, plus de 150, le combat juridique aux Prud’hommes de Lens et contre l’ancienne maison mère Metaleurop SA, n’est pas exempte de questionnements divers. Toujours est-il que le capitalisme financier a toujours raison des “plus faibles” et c’est ce capitalisme qui concentre sur lui toutes les critiques tant des anciens fondeurs que des salariés dans leur ensemble. Farid Ramou, président de l’Association, salua tout d’abord l’assistance nombreuse et ce rendez- vous, incontournable, d’une corporation qui souffre dans sa chair de tous les maux encourus. L’émotion que suscite pareil rendez- vous n’échappe à personne et les commentaires des participants sont toujours empreints de vitalité. Se retrouver cinq ans après la fin de toute une vie n’est pas synonyme seulement de reconversion obligatoire mais ce sont les impérities de tout un système qui cimente encore les anciens fondeurs et leurs actions - à divers degrés - au sein de l’Association “Choeurs de fondeurs”. Vrais débats Le conseil d’administration regroupe en son sein diverses sensibilités et la tentative de certains d’user de “petits pouvoirs” est sans doute la suite logique d’une “personnalisation” de l’Association que tout le monde redoutait et dont l’issue, samedi 31 mai, aurait pu être fatale au président sortant lors du renouvellement du poste - plus que symbolique - de président de l’Association. Farid Ramou, ancien syndicaliste CGT, a utilisé le sens de la modération pour souligner que seule l’unité des anciens fondeurs a une réelle importance.

Dont acte. La division, elle, porte les germes de la multinationale qui savait et sait pertinemment se servir de toutes les ficelles pour sortir la tête hors de l’eau et porter le fer contre les travailleurs. Alors ? Metaleurop Nord, à Noyelles-Godault, est transformée par le géant des déchets SITASUEZ, en une unité de recyclage, dite “éco-industrie”... Pour le PDG de SUEZ, tout est là sur 50 hectares pour faire fructifier ses bénéfices ; la dépollution, elle, avec des subventions publiques, est appréciée par la population du secteur. Mais quid des anciens fondeurs ? La compassion de la droite, on la connaît par trop, puisqu’elle n’hésite pas à verser des larmes de crocodiles sur la disparition des emplois. Chirac évoquait les “patrons voyous” puis plus rien. SITA n’est pas une entreprise de hasard, ses expériences sont nombreuses mais là où il y a problème c’est le nombre d’emplois créés et proposés aux anciens fondeurs ; sur les 830 anciens fondeurs, un tiers est toujours sur la touche et encore il faut voir les chiffres de très près. 27 et 30 juin, deux rendez-vous aux Prud’hommes de Lens Farid Ramou, Albert Lebleu, anciens syndicalistes, soulignent toujours le gâchis humain, économique, industriel. Pourquoi ne pas avoir dépolluer, auparavant, pour la santé de ceux qui y travaillaient ? Pourquoi les investissements n’ont jamais été faits pour moderniser des installations vieillissantes et dangereuses ? Toutes ces interrogations se posent. La question est dans la réponse. Actuellement, l’action de Metaleurop est en hausse à la Bourse, les salariés, eux, peaufinent toujours leurs dossiers pour le Conseil de prud’hommes de Lens, qui a à juger cette affaire toujours en cours. Deux rendez-vous sont programmés, l’un le 27 juin prochain, pour les ouvriers, l’autre le 30 juin pour les cadres. Une affaire de lutte extrême puisque les anciens salariés, tous collèges confondus, attaquent la maison mère Metaleurop SA, devenue, “Recylex,” pour le préjudice social et financier subi. Brutalité de la fermeture Pourquoi et comment ? Ces questions fondamentales surgissent à chaque audience des Prud’hommes !

La brutalité de la fin de l’entreprise est dans toutes les têtes et puis, on ne dira jamais assez, les dégâts de pollution et de santé engendrés par le phénomène Metaleurop et par un patronat qui se souciait comme d’une guigne de l’aspect primordial de l’environnement et des retombées sanitaires. Le registre de la mémoire et des représentations collectives recèle encore des enjeux importants en termes de démocratie locale. En abandonnant le site, Metaleurop a laissé une véritable catastrophe sanitaire. L’activité de l’usine Metaleurop Nord, classée à haut risque (Seveso 2), représentait la plus grosse fonderie d’Europe. Emploi, environnement, reclassement, tout est lié. Plus de 100 années de production de zinc et de plomb laissent des traces profondes dans tout le secteur. Des parents ont porté l’affaire en justice, avec succès, et ont reçu, en partie, réparations devant les dégâts provoqués par le saturnisme. Des programmes de dépistage de saturnisme ont montré, en effet, depuis 1993 des taux de plomb anormaux dans le sang de dizaines d’enfants. L’affaire Metaleurop montre bien qu’un groupe puissant comme Glencore peut s’arroger le droit de se désengager d’un site sans que l’État ni l’Europe ne bronchent vraiment. Des dizaines d’entreprises sous-traitantes ont disparu dans cette tourmente. Des déclarations pompeuses de toutes parts ont inondé les médias, aussitôt démenties le lendemain par les faits eux-mêmes. Les syndicalistes sont catégoriques : “l’usine de Noyelles- Godault avait vieilli mais il fallait investir différemment tant pour la santé des salariés que pour les populations du secteur”. Les faits sont têtus, c’est bien connu et la lutte des fondeurs a démontré toutes les limites des promesses gouvernementales.

Des contrats de site ont, pourtant, été signés. La dépollution des terrains est quasiment terminée. La métallurgie CGT, par la voix de Daniel Sanchez, insistait sur la responsabilité de l’État et ne pas se contenter de petites phrases. Que la direction d’un groupe puisse se croire autorisée à larguer l’une de ses filiales et créer une situation dramatique pour les salariés en toute impunité est scandaleux. L’État doit jouer son rôle pour faire appliquer la législation et refuser qu’un dépôt de bilan qui dédouanerait complètement l’entreprise, soit prononcé. On peut parler de mondialisation et de révolutions technologiques mais lorsque l'emploi est cassé, il l'est pour toujours. L’association "Choeurs de fondeurs" ne baisse pas les bras. La cotation en bourse illustre le bon retournement de situation. Pour les anciens fondeurs, le retour en bourse de la maison mère permet également l'assurance d'avoir un adversaire dans les combats juridiques en cours et à venir.

 


 

 

 

 

CHOEURS DE FONDEURS”, LA LÉGITIMITÉ DU COMBAT


 

143 %

c’est le bond spectaculaire en un an de l’action Metaleurop qui bat tous les records de hausse. Cela va donner du “baume” au coeur aux actionnaires qui se sont réunis, l’été dernier, pour adopter la nouvelle appellation “Recylex”... Le groupe Metaleurop SA va devenir Recylex, un changement de nom “censé mieux refléter son activité centrée sur le recyclage du plomb, zinc et plastique”. METALEUROP SA, aujourd’hui bénéficiaire, était passée près de la liquidation pendant ses deux ans de redressement judiciaire, d’avril 2003 à novembre 2005. Ce nouveau nom "devrait permettre à l’entreprise et à l’ensemble de ses salariés de se mobiliser autour de notre nouveau projet industriel", avec pour ambition d’en faire "un leader des industries de recyclage en Europe", plutôt centré sur la production de plomb, s’est tourné ces dernières années vers le recyclage, notamment des batteries. Mais, ce changement de nom ne peut faire oublier le passé ni occulter l’histoire de la fonderie de Noyelles-Godault. La date du 16 juillet 2007 marquera un tournant dans la vie de Metaleurop.

Les Prud’hommes de Lens se penchent toujours sur l’épineux dossier de Metaleurop. La manipulation de la maison mère, via Glencore, l’actionnaire principal, est démontrée par les anciens salariés qui espèrent remporter cette interminable partie de bras de fer. La lutte contre le pot de fer n’est pas éloignée de l’éthique sociale. Celle-ci doit l’emporter. Les indemnités exigées par les anciens fondeurs se situent à hauteur de 30 000 euros, ce qui heurte, bien évidemment, la direction de Metaleurop SA. Chaque salarié, 586 au total, réclame, à juste titre, le versement d’une indemnité de 30.000 euros et d’une somme de 300 euros pour les frais.

La patience est-elle une vertu ? Certainement pas pour les “Metaleurop” car, depuis mars 2006, aucune décision n’est prise. Après maints reports, aux Prud’hommes de Lens, c’est une nouvelle date, qui est fixée aux anciens fondeurs ! Ce sera, donc, les 27 et 30 juin. L’action engagée par les 600 salariés contre Metaleurop recouvre une motivation, on ne peut, plus solide : démontrer que Metaleurop SA était partie prenante de la liquidation de l’usine de Noyelles-Godault. L’indemnité revendiquée est de 30 000 euros par salarié, ce qui constitue la poursuite d’une intense mobilisation pour faire plier les actionnaires. Le 17 janvier 2003, jour de l’annonce de la fermeture de Metaleurop Nord, est toujours vécu comme un cataclysme, social, humain, économique, sociologique, dans cette partie de l’ex- Bassin minier déjà durement touchée par la crise de l’emploi. 

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