ACCÈS AUX SOINS POUR TOUS, LA MOBILISATION S’ORGANISE

Publié le par Liberté 62

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Liberté 62 n°777 - Le 5 Octobre 2007 - 5 – Social

 

SANTÉ ET “CHOIX DE SOCIÉTÉ”

 

ACCÈS AUX SOINS POUR TOUS, LA MOBILISATION S’ORGANISE

 

Par Pierre Pirierros

 

 

Il y a un lien et une responsabilité politique entre des mesures comme les “franchises médicales” et le devenir de la santé qui traduit une volonté de la droite de détruire un système basé sur la solidarité. Le gouvernement, sur instructions de Sarkozy, veut instaurer quatre nouvelles franchises médicales, à la charge des assurés, sur les premiers euros dépensés chaque année pour les médicaments, les prises de sang, les consultations médicales et les hospitalisations. Quid de l’égalité des soins instaurée, en 1945, lors de la création de la Sécurité sociale ? De plus en plus, cette égalité est battue en brèche ; à l’opposé d’un système solidaire, il y a les assurances privées, selon le niveau et , par conséquent, le prix, le contrat de couverture varie énormément. C’est le renforcement d’une médecine à deux vitesses !

 

LE débat, lui, avec le personnel et les patients se tient évidemment à la lumière d’un contexte difficile à écarter pour apprécier des avancées éventuelles pour les salariés et pour le devenir du Service public hospitalier : qualité du dialogue social en baisse, dégradation historique de la situation budgétaire des établissements, vécu et conditions de travail difficiles, salaires et reconnaissance professionnelle en berne, déficit d’emplois, précarisation en augmentation, pénurie de personnels qualifiés. Donc, une crise professionnelle, budgétaire confirmée. Au mépris envers les personnels, les directions des hôpitaux publics avancent le blocage des salaires, le blocage des déroulements de carrière et l’hypocrisie sur le “dialogue social”, le non remplacement des départs en retraite, le “redéploiement” et des gels de postes. Nicolas Sarkozy va plus loin, beaucoup plus loin, en annonçant la mise en place de «Franchises» c'est-à-dire un seuil annuel de dépenses en dessous duquel l’assurance maladie ne remboursera rien. Rien du tout. C’est ni plus ni moins que du racket organisé.

 

Santé et prévention


Nous avons rencontré, à Lens, le Dr Philippe Gérard, scandalisé par de telles pratiques “notre région est en queue de peloton de toutes les régions du pays en matière de santé et de prévention. Et cela est surtout vrai aussi dans le Nord/Pas-de-Calais où les retards des équipements et du corps médical, par rapport à la moyenne nationale, sont très importants. La venue récente du ministre de la Santé, à Lille, n’est qu’une façade. L’impact de l’environnement et des conditions de travail sur la santé n’est pas suffisamment pris en compte, de même la prévention de la dégradation de la santé au travail est gravement insuffisante, tandis que la médecine du travail subit une grave crise. Les difficultés croissantes d’accès aux soins publics pour les patients de la région lensoise, région qui accuse un retard considérable en matière de santé publique, dont les maladies professionnelles, vont s’aggraver avec les “franchises médicales”. Cela est tout à fait vérifiable. L’état de santé général n’est pas indépendant de l’activité professionnelle. Le salarié subit de multiples contraintes, physiques et psychologiques. Des médicaments existent et les “franchises médicales” vont avoir un effet hostile à une prescription libre. La santé au travail est structurante de la Santé publique. Nous ne sommes qu’au treizième rang mondial pour l’espérance de vie des hommes à la naissance en raison de la mortalité prématurée des hommes ouvriers. Ainsi, il existe un écart de 6 ans et demi entre l’espérance de vie à 35 ans des hommes ouvriers et celle des cadres et professions libérales.

La surmortalité des hommes exerçant une profession manuelle est de 71 % supérieure à celle de ceux exerçant une profession non manuelle, alors que cette différence est comprise entre 33 et 53 % dans d’autres pays européens. La prévention reste encore marginale (2,3 % des dépenses d’assurance - maladie) et très inégalitaire. Paradoxalement les salariés les plus modestes, les plus précaires et les plus pauvres ont le moins recours à la prévention.

 

L’impact de l’environnement

 

L’impact de l’environnement et des conditions de travail sur la santé n’est pas suffisamment pris en compte, de même la prévention de la dégradation de la santé au travail est gravement insuffisante, tandis que la médecine du travail subit une grave crise. Les dépenses de santé sont de moins en moins bien remboursées en France, notamment au regard des comparaisons internationales. Cela engendre des phénomènes de renoncement aux soins pour les plus modestes”. De leur côté, les médecins inspecteurs de santé publique, chargés notamment des veilles épidémiologiques, des alertes et des enquêtes sanitaires, sont en colère, pour dénoncer leur manque d'effectifs et de moyens. Le budget 2008 leur tourne le dos. Les médecins inspecteurs de santé publique, sont exaspérés. Le projet de voir aboutir une réforme mettant en place une filière et un statut unique verra-t-il le jour ? Tout est dans le camp des pouvoirs publics. Le rôle de ces médecins est très important puisqu’ils sont chargés de la veille épidémiologique et l'alerte sanitaire (méningites, légionelloses, intoxications alimentaires), la gestion des risques sanitaires (grippe aviaire, infections nosocomiales, bioterrorisme), des risques environnementaux (pollutions, canicule) et la sécurité sanitaire (gestion des plaintes pour les établissements de soins). Le financement solidaire est une condition indispensable pour améliorer le système de santé existant. La prévention des maladies est une donnée fondamentale.

 

 

 

Mobilisation

 

La mesure des “Franchises” sera inscrite dans le projet de loi de financement de la Sécurité sociale, a annoncé la ministre de la Santé, Roselyne Bachelot. Autre exemple, l'opposition des syndicats représentant une majorité de praticiens hospitaliers aux décrets gouvernementaux. Ces décrets vont mettre fin à l'indépendance du médecin, qui devient soumis à des critères de gestion financière et de rentabilité, donc à la sélection des “malades dits rentables”. La prochaine étape sera le démantèlement du statut des personnels hospitaliers qui deviendront eux aussi des “producteurs de soins” soumis à des objectifs de productivité. La conjonction des mobilisations interprofessionnelles n’est jamais un hasard.

Le Medef, lui, veut à tout prix s’arroger une place majeure dans tous les organismes sociaux en organisant un rapport de forces basé sur la “puissance” de l’entreprise dans le système économique actuel. Il a l’oreille du gouvernement actuel. Dans tous les domaines. De puissants groupes privés, que ce soit dans l’Artois ou le littoral du Pasde- Calais, s’octroient les activités les plus rentables et les plus juteuses. L’Hôpital public est attaqué de toutes parts, par manque de personnels, par manque de médecins, par manque de médecins spécialistes, par une position gouvernementale délibérée (et qui ne date pas d’aujourd’hui) de casser la chaîne de solidarité. Lors de la pose de la première pierre du "Cyclotron" au Centre hospitalier de Béthune, lundi dernier, la CGT, peut dire que les 10 000 signatures pour l'avenir de l'Hôpital public attestent du bien fondé des actions du syndicat. Contre toutes les attaques de cette rentrée, notamment, à Calais, Rouvroy, Avion, Lille, la mobilisation s’organise.

 

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