AIRBUS-MEAULTE VENDU A LACATOERE-AUCUNE GARANTIE N'EST DONNEE AUX SALARIES

Publié le par Liberté 62

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Liberté 62 n°795 - Le 8 Février 2008 - 5 -
Social

 

Airbus-Méaulte “vendu” à Latécoère Aucune garantie n’est donnée aux salariés !

Par Pierre Pirierros

 

"LATÉCOÈRE est le repreneur du site de Méaulte et les salariés sont inquiets” commente Patrice Pays, délégué CGT du site Picard. Il faut un engagement fort de la part de l’État pour une renationalisation d’Airbus dans l’intérêt de tous, des salariés, des habitants de la région picarde, des bassins d’emplois concernés.” C’est l’ensemble de la filière qui est touchée. Airbus a voulu copier les dérives de Boeing avec les externalisations des productions, les vagues de licenciements et la pression sur les coûts salariaux. La CGT de Meaulte est unanime pour souligner que le rôle des pouvoirs publics et des Régions et autres collectivités territoriales ne soit pas réduit à un simple accompagnement budgétaire. Les jeux de subvention, les stratégies des entreprises doivent reposer sur des exigences et des affirmations d’objectifs. Il y va du développement de l’emploi industriel.

L’inquiétude et la colère des salariés de Méaulte grandissent suite aux annonces de délocalisation de la pointe avant dans une nouvelle usine implantée en Tunisie avec la création de centaines d'emplois. Aujourd’hui, quelles garanties ont les salariés de garder l’exclusivité de cette “Pointe avant”, le coeur de métier sur le site de Méaulte ? Le taux de sous-traitance qui est déjà très élevé ne risque-t-il pas d’augmenter, au profit des pays à bas coût ? Quelles garanties vont avoir les sous-traitants in situ de la pérennité de leurs emplois sur le bassin d’Albert ? Au bout de trois ans “Méaulte ne sera plus Airbus” ! Quelles garanties auront les salariés de garder les mêmes accords sociétés et leurs acquis sociaux ? Patrice Pays et avec lui les salariés sont inquiets quant au maintien de la fabrication des pointes avant comme "coeur du métier" à Méaulte. "On n'y croit pas, parce qu'un jour ou l'autre, leur fabrication partira dans les pays à bas coût". Latécoère n'embauche pas, par rapport au travail qu'il y a à faire sur Méaulte. Il faudrait embaucher le double. Ce qu'ils vont faire, c'est sous-traiter au maximum. La CGT n'est "absolument pas rassurée" : "Dans l'immédiat on ne verra rien, mais dans les cinq ans à venir, on risque d'avoir de belles surprises", a mis en garde Patrice Pays, rappelant l'opposition de la CGT à la vente des sites d'Airbus, prévue dans le plan Power 8 de restructuration de l'avionneur européen. "Il va falloir que ça se concrétise, qu'on obtienne des garanties", a de son côté indiqué Alexandre Boury pour la CFDT, rappelant "la grosse crise de confiance" des salariés depuis plus d'un an à Méaulte.

Condamnation de la CGT

La CGT condamne et dénonce la vente du site de Méaulte et de Saint-Nazaire ville. Et de poursuivre : “nous restons opposé à la mise en place d’une joint-venture. Airbus a les moyens d’investir à Méaulte pour développer le composite sans passer par un tiers investisseur qui ne pourra pas apporter des garanties sur le maintien et la pérennité de l’emploi et de la technologie sur le site. Dans l’immédiat, 60 millions d’euros sont à investir dans le développement du composite sur le site de Méaulte à la charge de qui et quand ?” La CGT reste opposée au plan drastique POWER 8 qui répond uniquement à une stratégie financière et non industrielle. Elle est résolument opposée aux suppressions de postes alors que l’activité de l’entreprise bat des records de cadences et de charges de travail. La vente effective du site de Méaulte à Latécoère aurait lieu fin mars, début avril.


 

Latécoère s’implante au Maghreb

LE "nouveau groupe Latécoère", qui va reprendre deux sites d'Airbus, prévoit la création d'une filiale à bas coûts au Maghreb et de 524 postes d'ici 2010 en France, a annoncé le président du conseil de surveillance de Latécoère, François Junca. Latécoère a été choisi fin 2007 comme "partenaire préférentiel" pour reprendre, courant 2008, les sites d'Airbus à Méaulte, dans la Somme, et Saint-Nazaire-ville. "Ce nouveau groupe sera porteur de création de valeurs et d'emplois, également en France et nous y tenons beaucoup", a déclaré M. Junca lors d'une conférence de presse de présentation de la stratégie du nouvel ensemble, au siège de la société. Latécoère devrait employer 7.100 personnes en 2010 (4.500 en France et 2.600 à l'étranger) contre 5.600 en 2007 (4.000 en France et 1.600 à l'étranger). Sur les 524 emplois créés en France, la moitié le sera en Midi- Pyrénées et l'autre à Méaulte, où est prévue la construction d'une usine composite "high tech", et à Saint- Nazaire, où doit être développée une technologie innovante d'usinage mécanique. Le "nouveau" Latécoère ambitionne de figurer dans le "Top 10 mondial" des équipementiers aéronautiques en devenant notamment le fournisseur de référence dans le domaine des composites. Il comportera une nouvelle filiale à bas coûts au Maghreb, "dont le lieu d'implantation n'est pas décidé, mais qui sera probablement installée en Tunisie ou au Maroc". Elle produira des "sous-ensembles simples", a précisé M. Junca, démentant des informations de presse selon lesquelles elle pourrait produire des pointes avant d'Airbus. La maîtrise reste sur La filiale "Méaulte-Saint Nazaire", devant être créée en 2008, sera détenue à 60 % par Latécoère et 40 % par Airbus jusqu'en 2011. Elle passera alors à 100% sous le contrôle de Latécoère. Le financement de l'opération sera assuré par une augmentation de capital d'environ 300 millions d'euros. Latécoère fabrique des aérostructures (tronçons de fuselage et portes) et des câblages. Cette entreprise est implantée dans dix pays et fournit Airbus, Boeing, Dassault, les groupes canadien Bombardier et brésilien Embraer. Elle a enregistré en 2007 un chiffre d'affaires de 489,4 millions d'euros qu'elle compte porter à 1,5 milliard d'euros en 2010.

La joint-venture...

Fin décembre 2007, Airbus précisait : des établissements français et allemands, l’accord avec Latécoère et MT Aerospace prendra la forme de joint-ventures, au sein desquelles Airbus conservera une participation minoritaire substantielle. Airbus se réserve toutefois la possibilité de se retirer totalement du capital au bout de trois ans. Cette structure de jointventure offre l’avantage de permettre à Airbus de superviser étroitement la transition des phases de développement et de convergence de définition du programme A350 XWB, tout en réduisant sensiblement les frais de trésorerie d’EADS. En vertu des accords de la joint-venture, Airbus n’entend pas intervenir dans la gestion des usines menée par les actionnaires majoritaires..

 

 

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