LIBERTE 62 - UNE RENTREE SCOLAIRE PAS COMMES LES AUTRES

Publié le par Liberté 62


DANS LES ECOLES DU DEPARTEMENT

UNE RENTREE PAS COMME LES AUTRES

 

« Une rentrée pas comme les autres », tel est le sentiment des enseignants des écoles primaires et maternelles, exprimé par le SNUIPP (syndicat national unitaire des instituteurs et professeurs, syndicat de la FSU). Alain Dercourt, nouveau secrétaire départemental du SNUIPP analyse la situation dans notre département pour Liberté 62.

 

L'accueil des élèves

 

Dans le Pas-de-Calais, il y a bien un maître dans chaque classe. Mais le déficit pour le département est de 70 postes. Il a donc fallu puiser dans le contingent des postes de titulaires remplaçants. En clair, cela signifie que, dans un mois, il y aura des classes sans maître. En dépit d'une augmentation globale des effectifs dans le département, il n 'y a pas eu de créations de postes dans l'Académie. Le Rectorat a donc procédé un redéploiement de 32 postes du département du Nord vers le Pas-de-Calais. Après une diminution du nombre d'élèves dans les années 1990, nous assistons à une remontée des effectifs. Or avec des effectifs globalement comparables à 2000, le primaire fonctionne en 2008 avec 170 postes de moins.

Comment l'Inspection académique a-t-elle résolu le problème ? En ponctionnant sur les écoles maternelles qui deviennent un réservoir de postes. De plus en plus on refuse la scolarisation des enfants dès 2 ans. Celle-ci a diminué environ de 10%. En quatre ans, le taux de scolarisation des 2 ans est passéde 66% à 40%. En moyenne, les effectifs des classes serait satisfaisant entre 21 et 22 élèves par classe. Mais il y a de grandes disparités dans les zones urbaines, les effectifs des classes ont augmenté. Le Pas-de-Calais comprend de nombreuses zones rurales mais il n'est pas reconnu comme département rural. Comme dans les départements ruraux, on a procédé à des regroupements pédagogiques entre plusieurs villages.

L'enseignement des langues vivantes est organisédans la pagaille. Compte tenu du nombre insuffisant de postes dans le second degré, très peu de professeurs certifiés spécialistes interviennent. Il est donc procédé à des échanges de services entre des maîtres « habilités » et les maîtres titulaires de la classe. Il n'a pas été dégagé de moyens propres pour cette initiation aux langues vivantes.

L'objectif est donc clair à cette rentrée : faire à tout prix des économies, sans se soucier de l'intérêt des élèves et des maîtres. Un exemple de cette politique : la situation des temps partiels. L'Inspection académique a refusé d'accorder les nouvelles demandes du temps partiel à 80% qui donne droit àune rémunération à 85% du traitement pour n'attribuer que des temps partiels à 75%, payés 75% du traitement. Ce sont surtout nos collègues femmes qui sont concernéses (2 à300 personnes).

Les « réformes » ? une régression

Xavier Darcos se vante d'avoir réformé l'aide primaire : il s'agit en fait d'une politique de régression. Quatre points importants de ces réformes : les nouveaux programmes, la semaine des quatre jours, l'aide personnalisée et le service minimum d'accueil. Le SNUIPP est en total désaccord. Pour les nouveaux programmes, l'accent est mis sur le répétitif au détriment du sens. L'introduction de leçons de morale n'est pas digne de modernité : le programme ressemble à celui de 1923. Beau progrès ! D'un point de vue pratique, les maîtres devront se débrouiller, il n'y a pas de documents d'accompagnement comme c'est d'usage. La semaine des 4 jours avec la suppression des cours le samedi matin pose le problème du rythme scolaire de l'enfant.

Les élèves ont donc 24 heures de cours. Les deux autres heures dégagées soit 60 heures pour l'aide personnalisée sont utilisées pour les élèves en difficulté. Celle-ci a lieu entre midi et 14H ou le soir après la classe, une 1/2 heure. Cela risque d'être contre-productif, et d'être ressenti comme une punition pour l'élève. Pour le maître, ces 60 heures se décomposent en 12 heures de préparation et 48H devant les élèves. La mise en place de l'aide personnalisée se fait dans la douleur et la difficulté par les communes, les associations sportives et culturelles et les personnels communaux. Pour les communes et les associations qui connaîtront des difficultés dans l'organisation des activités mises en place.

Pour les personnels communaux, les ATSEM (agents des écoles maternelles) les femmes de ménage, les personnels de cantine, c'est la désorganisation de leur service, c'est le souci pour la garde de leurs propres enfants quand le service est allongé d'une 1/2 heure. En somme pour eux (souvent d'ailleurs elles) c'est travailler autant pour gagner moins. Enfin, le service minimum d'accueil, c'est à la fois une charge supplémentaire pour les communes, une atteinte aux libertés communales et au droit de grève. Le décret est paru au journal officiel.

L'article 1er concerne l'accueil des élèves en cas d'absence imprévisible d'un enseignant. Dans ce cas, la commune doit organiser un service d'accueil, de remplacement. Les communes sont donc tenues de fournir la liste des agents municipaux qui feront le service minimum d'accueil. Ainsi l'offre d'enseignement diminue. C'est une attaque grave contre le remplacement organisé par l'éducation nationale. Le 2ème article porte sur l'accueil en cas de grève, les enseignants étant tenus d'indiquer 48H avant s'ils seront en grève. C'est bien une atteinte intolérable au droit de grève. Nous nous sommes adressés par courrier aux municipalités pour dénoncer ce décret dont nous demandons l'abrogation.

Les perspectives d'action

Nous avons l'an dernier mené une action continue avec tous les syndicats de la FSU et donnent dans l'initiative les autres organisations syndicales, voire avec les parents d'élèves. Cette année, nous devons poursuivre la lutte, car les suppressions de postes sont encore plus importantes. On annonce 6000 suppressions dans les écoles dont plus de la moitié en titulaires remplaçants. Avec la FSU, avec les autres organisations syndicales, une première journée d'action a eu lieu le 11 septembre. Dans le Pas-de-Calais, nous prévoyons de rassembler les personnels par bassin (Arras-Béthune-Lens).

Ce sera ensuite la journée interprofessionnelle du 7 octobre sur l'emploi. A Lille, en ce qui concerne la FSU, nous pensons qu'il faut aller à la grève. , nous organisons avec les autres organisations syndicales, avec la FCPE, une manifestation nationale le dimanche 19 octobre. En mai 2008, la FSU avait déjà organisé une manifestation nationale. Pour nous, SNUIPP, cette rentrée pas comme les autres est une entrée offensive.

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