LIBERTE 62 - LES SALARIÉS DANS LA SPIRALE DES "CONGÉS FORCÉS"

Publié le par Liberté 62

Française de Mécanique, Bosal, Bridgestone, STA-Ruitz :

 

LES SALARIÉS DANS LA SPIRALE DES "CONGÉS FORCÉS"

 

Par Pierre Pirierros

 

LʼAutomobile représente 20 % du secteur industriel du Nord/Pas-de-Calais, soit plus de 55 000 salariés. Aujourd'hui, les directions des constructeurs et des équipementiers ne peuvent minimiser les conséquences de la décision de Renault de supprimer 4000 emplois. Les conséquences apparaissent, dès maintenant, comme une véritable épée de Damoclès sur tous les postes de travail existants et dans toutes les zones géographiques de la région. Le prétexte est tout trouvé, c'est le financement du commerce mondial qui s'est "gravement détérioré" en raison de l'une des plus graves crises financières que connaît la planète...

 

DES grands noms des équipementiers automobiles taillent de plus en plus dans leurs effectifs, en France mais pas seulement, et ils ne se limitent plus aux intérimaires, ils suppriment aussi des CDI. Les équipementiers suivent les usines des constructeurs. Renault, cʼest un puzzle gigantesque à lʼéchelle du Nord/Pas-de-Calais, du pays, de lʼEurope, voire du monde.

Les entreprises veulent être de plus en plus compétitives sur le marché automobilemais aussi hors automobile. Rachats, restructurations, compressions de personnel, cʼest la règle générale établie par les directions des équipementiers automobiles. Lʼemploi stable, à temps plein, et d'un salaire convenable en rapport avec la qualification des travailleurs est un socle revendicatif solide.

 

STA-Ruitz

 

Les commandes de boîte de vitesse automatiques sont en baisse et des "congés forcés" sont proposés aux personnels ; en ce début de semaine, c'est une nouvelle journée sans production à l'usine de Ruitz. Cela s'ajoute aux RTT de la fin octobre.

Jean-Paul Boulet, syndicaliste CGT à STA-Ruitz, (820 salariés), souligne les méfaits structurels dans un secteur comme celui de Renault, où la CGT a présenté un projet industriel contrecarrant toutes les idées reçues dans les médias sur le rôle de lʼautomobile dans lʼéconomie. Des sites sont fragilisés, comme à la STA, (Société de transmission automatique). Chez Renault, de nombreux avant-projets sont déclarés comme"non rentables". La capacité de répondre à ce redéploiement industriel, d'assurer l'emploi est sous-tendue par le savoir-faire des salariés.Mais ce savoir-faire suffira-t-il face à la tourmente généralisée ? Les donneurs dʼordre font la pluie et le beau temps, ils sont propriétaires, actionnaires et commanditaires des unités quʼils dirigent dans la région, mais pas seulement.

Les situations de précarité sʼaccentuent tandis que la productivité maximale assure des taux de rentabilité extrêmement importants.

 

Française de Mécanique

 

Conditions et rythmes de travail, fortes cadences, santé professionnelle, changements intempestifs de postes de travail : la CGT de la Française de Mécanique est sur tous les fronts et cela ne date pas dʼaujourdʼhui. La vigilance s'impose à l'heure des décisions de management de Renault. Des journées de RTT seront à prendre par tout le personnel. L'usine elle connaîtra une réduction drastique d'activités du 15 décembre au 5 janvier. La direction évoque la "flexibilité" mais ne dit rien sur les programmes et les commandes en 2009... Alain Labarre, au nomde la CGT, indique que la gravité de la situation est partagée par tous les salariés, à cela s'ajoute l'inquiétude pour l'outil de travail. Le "congé forcé" n'augure jamais rien de bon. La situation générale de lʼautomobile et des constructeurs Renault et PSA, principaux actionnaires de la FM, nʼest pas sans conséquences directes sur le climat social de lʼentreprise. “Et pourtant, dit la CGT, nous produisons 7500 moteurs par jour, avec tout ce que cela comporte de contraintes et dʼefforts de la part des travailleurs. ll nʼy a plus de politique industrielle ; lʼhabillage de créations quant aux postes de travail est insupportable”, insistent élus du comité dʼentreprise et délégués de la CGT. La fermeture de la fonderie, il y a trois ans, a dʼénormes conséquences sur les effectifs; aussi, de 4757 salariés en CDI et 755 intérimaires, en 2003, les chiffres actuels sont de 3932 salariés en CDI et 420 intérimaires. Sur cette courte période, on assiste à une baisse de plus de 1000 personnes, intérimaires compris. Lʼemploi est au coeur des préoccupations des salariés et des syndicalistes. Plus que jamais. Aujourd'hui, l'effectif se situe en dessous des 3800 personnes. Le Pas-de-Calais est confronté à une redistribution des cartes chez, quasiment, tous les équipementiers automobiles et les activités sous-traitantes, Faurecia, Bosal, Cadence Innovation, STA Ruitz, Plastic Omnium, Valéo.

Lorsque des fusions se concrétisent, les postes de travail diminuent. Des “mises en concurrence” dans des mêmes entreprises aboutissent à des licenciements collectifs, (Faurecia Marles et Auchel).

 

Bosal (Annezin)

 

Déjà la centaine de "départs volontaires", dans un plan social qui court jusqu'en juin 2009, plombe la situation sociale de l'équipementier automobile. Une semaine d'arrêt a été observée en début de mois. Le "repos forcé" a amputé sérieusement les salaires du personnel. Les mécanismes du chômage partiel existent mais ce sont toujours les salariés qui perdent de l'argent. Il y a contradiction entre les services de vente et la production mais lʼon sait que des petites unités vont être créées dans d'autres villes de France. Les potentialités industrielles existent mais la filière est condamnée dans sa forme actuelle.

 

Bridgestone (Béthune)

 

 La production de la seule usine du groupe japonais en France qui fabrique des pneumatiques va arrêter 21 jours d'ici la fin de l'année, "en raison d'une baisse des ventes et de stocks importants". L'usine béthunoise se trouve ainsi placée à des chutes importantes d'une production mondialisée. En début de semaine, nous apprenions qu'aux 21 jours d'arrêt de l'usine, cinq journées supplémentaires viennent s'ajouter à une situation sociale difficile pour les 1200 personnes. Les salariés se trouvent dans la spirale des "congés forcés" ; les grands groupes et des constructeurs automobiles suivent une logique basée exclusivement sur les intérêts financiers des actionnaires.

 

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