EPSM “VAL DE LYS-ARTOIS” DE SAINT-VENANT-LES REVENDICATIONS DE BASE DE LA CGT

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Liberté 62 n°795 - Le 8 Février 2008 - 7 -
Social

EPSM “VAL DE LYS-ARTOIS” DE SAINT-VENANT "Considération des personnels et qualité de soin pour les patients", les revendications de base de la CGT

Par Pierre Pirierros

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LA démographie des professionnels de la psychiatrie réduit et dégrade chaque année un peu plus l’offre de soins. Le syndicat CGT de l’EPSM “Val de Lys-Artois”, rencontrait les médias, récemment, juste derrière la cérémonie des voeux. Voeux, on ne peut plus hypocrites de la direction et des tutelles, alors que les crédits diminuent avec des budgets sans cesse en déficit. Et les syndicalistes cégétistes de dénoncer la détérioration des conditions de travail, des garanties de prises en charge, une politique de récession dont les patients en subissent les conséquences. Depuis 1998 et l’arrivée d’une nouvelle direction, ce sont des restructurations sans cesse des services qui s’opèrent avec de “nouvelles unités” mais qui ne vont pas dans le sens des soins du malade et surtout des accompagnements thérapeutiques. Lors de la rencontre avec la presse, étaient présents Bernard Bonnière, Bernard Lheureux, Laurent Dépré, Pascal Accardi et François Boitel.

Une des revendications prioritaires qui est ainsi mise en avant est le respect et la dignité du personnel (1300 personnes) et une considération intégrale. Bien sûr, cela passe par les salaires, les horaires de travail, la formation, les congés. Et toutes ces notions sont élémentaires pour les soignants, trop souvent laissés pour compte. La donnée incontournable est la baisse chronique du nombre de lits. "Il y a une trentaine d'années, souligne Bernard Bonnière, secrétaire de la CGT, lorsque je suis arrivé dans l’établissement, on notait 450 lits, aujourd’hui, ils dépassent à peine les 200 pour des patients en “prise en charge complète. La nuance de soins de proximité (soins de jour) nécessite des moyens importants.”

Rapprocher les patients de leur famille est une pratique louable mais fautil encore se doter de moyens suffisants. L’emploi et la formation sont liés. Les budgets des établissements sont déficitaires. On leur impose des économies ! Les Centres médico-psychologiques (CMP), en effet, devraient constituer le “pivot” de la prise en charge psychiatrique de secteur. Fonctionnant en milieu ouvert, les CMP sont chargés d’organiser les actions de prévention et de diagnostic, les soins ambulatoires et les interventions à domicile. Il en est de même pour le CATTP (centre d'accueil et de traitement à temps partiel).

Saturation

Quant à l’organisation même de l’EPSM de Saint-Venant, tout est saturé, disent les syndicalistes de la CGT. Par manque de lits, l’orientation des patients se fait au détriment des soins, c’est une revendication fondamentale. La charge de travail augmente (hospitalisation et ambulatoire) et pose le problème de l’offre des soins adéquats. Par essence, les syndicalistes ont à défendre les personnels mais ils sont obligés, à l’heure actuelle, de défendre aussi les patients. Car ce sont eux qui doivent y trouver toute lattitude de se soigner. Comment cela est-ce possible alors, que nous, personnels, sommes que de simples numéros ? Les femmes enceintes perdent des points dans la notation annuelle en raison de la prise en compte des absences... Or la notation sert au calcul des indices et donc du salaire. C’est une discrimination totale à leur encontre. La crèche réclamée depuis des années par le personnel fait défaut. Il est indispensable de continuer à rechercher la bonne articulation entre prise en charge et sécurité. Cela nécessite des budgets, le déficit pour cette année peut être considéré comme “modéré” mais le déficit se répercute d’année en année. Le service F vient d’étre rénové mais ce qui en résulte, c’est une organisation du travail en diminution.”

Environnement, vie sociale

Tout cela fait partie de la notion de considération du personnel pour un travail de qualité auprès de tous les patients. L’environnement, la vie sociale, les espaces de vie collective et d’échange ne sont pas des fonctions abstraites mais lorsqu’on supprime des "petits plus" pour les sorties et leur accompagnement, le patient est brimé et la CGT a à coeur de tout mettre sur la table dans un contexte précis, celui de la maladie mentale, maladie complexe où le facteur hospitalier et humain est déterminant. Le “turn over” du personnel n’est pas acceptable alors que les services nécessitent une pratique avec une description des tâches à accomplir. Les remplacements inopinés, les manques d’effectifs, ont de lourdes conséquences sur les patients et, notamment, les patients de “long terme”. Là aussi, la CGT met en avant comme priorité une autre considération des personnels. Depuis la réforme des études d’infirmiers de 1992 et la mise en place d’un diplôme unique, les nouveaux diplômés d’Etat qui travaillent en psychiatrie rencontrent des difficultés.

Travailler dans la sécurité

Laurent Depré, délégué au CHSCT, est critique devant l’absence des normes de sécurité pour les travaux engagés par des entreprises extérieures ; l’été dernier, des actions ont été menées afin que les personnels qui travaillaient dans les services E et H puissent bénéficier de combinaisons professionnelles pour effectuer leur mission en toute sécurité (problèmes de l’amiante, eaux stagnantes, présence de rats, etc.) “La présence de la CGT au CHSCT, comme au comité technique paritaire et au conseil d’administration, permet de “faire remonter” toutes les informations en haut lieu. Cela, précise Bernard Bonnière, est très important car les revendications y sont exposées tant pour la défense des personnels que pour les patients. L’application des 35 heures n’est pas chose facile et dans la plupart des cas, la direction impose, comme bon lui semble, la récupération des RTT, sans aucune prise en compte des souhaits des personnels. Il en est de même pour les congés annuels. Les structures médico-sociales nécessitent un environnement précis avec la prise en compte des demandes des personnels, ce sont eux qui sont en contact permanent avec les patients.”

Combattre le nombre de lits en diminution, les discriminations récurrentes, avancer des revendications précises pour les patients, avec la création de nouvelles unités, tout cela est à mettre à l’actif des syndicalistes cégétistes de l’EPSM “Val de Lys-Artois”. Les personnels sont attachés à un syndicalisme de combat et c’est la raison pour laquelle, observe Bernard Bonnière, “La CGT est le premier syndicat dans l’établissement ; le contexte dans lequel nous sommes - avec des plans comme la T2A psychiatrique, par exemple, tourne le dos à l’amélioration des conditions de travail, aux garanties de prises en charge sécurisantes de travail, aux questions de la vie sociale et surtout à la prise en charge de qualité des patients.”

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